Connaître et protéger le castor d'Europe

Mis à jour le 20/03/2024

Le Castor d'Europe est un mammifère semi-aquatique, et l'un des plus grand rongeur de la planète. Cette espèce protégée est une "ingénieure des écosystèmes" au travers des différents aménagements qu'elle réalise dans les cours d'eau.

Le Castor d’Europe est strictement inféodé aux milieux aquatiques. Il occupe principalement le réseau hydrographique de plaine.
Pour s’installer sur un cours d’eau, le castor a besoin d’une présence permanente d’eau, de formations boisées et/ou arbustives rivulaires, d’une pente du cours d’eau et d’une vitesse du courant plutôt faibles.

Ces critères ne sont pas absolus : lorsque les milieux les plus favorables sont déjà occupés, la colonisation se fait dans des milieux moins optimaux, avec des pentes plus fortes, plus en altitude ou encore sur de très petits cours d’eau (il va alors construire des barrages pour adapter le milieu à ses besoins).
Ainsi, la présence d’ouvrages hydroélectriques infranchissables et incontournables est un obstacle à son installation.

Régime alimentaire : strictement herbivore

Écorce, feuilles et jeunes pousses des plantes ligneuses, plantes hydrophytes, fruits, tubercules, végétation herbacée terrestre (besoin d’environ 2 kg de matière végétale ou 700 g d’écorce par jour).
Une trentaine d’espèces d’arbres peuvent être consommées, essentiellement des salicacées (saules, peupliers). D’autres essences sont localement fortement consommées : cornouiller sanguin, noisetier, orme champêtre.
Les coupes sont concentrées essentiellement sur les troncs et branches de 3 à 8 cm de diamètre (strates arborées rivulaires basses importante), mais sont possibles jusqu’à 80 cm - 1 m de diamètre.

 

Reproduction : espèce monogame (les couples se forment à vie)

  • Maturité sexuelle : femelles 2 ans / mâles 3 ans
  • Rut : janvier à mars (accouplement dans l’eau)
  • Gestation : 107 jours en moyenne
  • Naissances : mai à juin, 1 portée par an de 2 jeunes en moyenne (jusqu’à 5)
  • Sevrage : 6 à 8 semaines – Émancipation : au cours du 2ème hiver

Longévité : 10 à 15 ans

Mode vie : activité essentiellement nocturne et crépusculaire

Le castor vit à l’interface des milieux aquatiques (déplacements, entrée du gîte…) et terrestres (recherche de nourriture, toilettage, marquage du territoire…). Il est plutôt nocturne et passe 2/3 de son temps dans l’eau contre 1/3 sur terre.

Espèce dite « ingénieure des écosystèmes » : modifie son environnement pour l’adapter à ses besoins de façon directe (construction de barrages) et indirecte (éclaircies dans les boisements par ses coupes)

Domaine vital et territorialité : petits groupes familiaux (2 à 6 individus) territoriaux

Les groupes sont formés d’un couple et de leurs jeunes de l’année et ceux de l’année précédente. La population « flottante », composée d’individus isolés, représente environ 40% de la population totale.

Territoire d’une famille ou d’un individu installé : 0,5 à 3 km de cours d’eau en moyenne, selon les caractéristiques du milieu (en particulier la disponibilité de la ressource alimentaire).
Marquage olfactif grâce au castoréum, sécrétion à forte odeur de musc produite par une glande anale.

Indices de présence : traces issues de son activité

  • Gîtes : terriers, terriers huttes, huttes; ils peuvent être établis dans des embâcles, dans des anfractuosités, dans des ouvrages artificiels.Image
  • Barrages constitués de branchages et parfois de galets ou d’argile permettant l’immersion de l’entrée du gîte et l’extension du domaine vital.
  • Dépôts de castoréum sur monticules de terres ou sable à moins de 50cm de l’eau.
  • Coupes d’arbres/arbustes, pour alimentation et matériaux de construction.
  • Réfectoires ou sites de consommation situés sur des hauts fonds (10 à 20 cm d’eau) et abrités du courant, par des branches entièrement écorcées et reposant sur le fond.
  • Garde-manger : réserve de nourriture dans un amas de branches immergées à proximité du gîte.
  • Coulées et accès de berge.
  • Plus rarement : canaux creusés reliant deux points d’eau.Image
Coulée : trace laissée sur le sol par le passage répété d’un ou plusieurs animaux.

Sons / communication

Peu de communication sonore en dehors de gémissements des jeunes au terrier et d’un claquement puissant de la queue à la surface de l’eau en cas de danger.

Le Castor d’Europe a été le premier mammifère bénéficiant de mesures de protection (interdictions de destruction) en France en 1909, d’abord localement (Bouches-du-Rhône, Gard, Vaucluse, puis Drôme en 1926).
L’espèce est protégée sur l’ensemble du territoire national depuis 1968.

L’ arrêté ministériel du 2 septembre 2016 relatif au contrôle par la chasse des populations de certaines espèces non indigènes, interdit dans son article 4 l’utilisation de pièges de dits « tuants » à 200 m de la rive des cours d’eau, marais, plans d’eau... où la présence du Castor d’Europe (ainsi que de la Loutre d’Europe Lutra lutra) est avérée. La liste de ces secteurs est fixée annuellement par arrêté préfectoral.

https://www.ofb.gouv.fr/documentation/connaitre-et-proteger-le-castor-deurope